Communications par auteur.e > Benachour Yamina

La place des objets grammaticaux dans les classes de FLE en Algérie
Camelia Bechiri  1@  , Yamina Benachour  2@  
1 : Bechiri
2 : Benachour

Notre contribution s'inscrit dans la théorie de la transposition didactique. Nous essayerons de décrire et de comprendre la construction des objets enseignés à travers le travail de l'enseignant, en interaction avec les élèves en classe de français de deuxième année moyenne en Algérie. Pour ce faire, nous tenterons d'analyser de manière précise le concept de transposition didactique qui apparaît comme fondamental pour l'analyse et l'observation. Cela signifie que notre travail aborde le problème de la structuration interne de l'enseignement du FLE en Algérie du point de vue des pratiques en classe. Nous choisissons d'analyser l'enseignement de la grammaire sous l'angle des pratiques d'enseignement. En effet, une forte curiosité nous anime pour savoir comment les pratiques évoluent, voir comment l'objet enseigné se transforme à travers le travail des enseignants en classe, au cours de la mise en place effective d'une séance.

Notre contribution s'intéresse donc aux objets grammaticaux élaborés dans le cadre de la rénovation de l'enseignement du français en Algérie. Nous verrons comment les objets grammaticaux présentés dans les programmes algériens sont-ils abordés et reconsidérés en situation de classe ?

 Nous réaliserons donc une analyse des pratiques réelles, implicites ou explicites, de transposition interne, sur différentes pratiques de classe. Comprendre la pratique enseignante, c'est observer l'action de l'enseignant au cœur du triangle didactique. C'est analyser les dispositifs mis en œuvre, chercher le savoir enseigné dans les consignes ou encore analyser les obstacles que l'enseignant et les élèves rencontrent au cours de la construction de l'objet enseigné, et en dégager les manières de contourner ces obstacles.

Il est évident que la grammaire cause beaucoup de difficultés, surtout à l'écrit (expression écrite) : les élèves ont tendance à oublier toutes les notions de grammaire, de conjugaison et d'orthographe. Pour expliquer ce problème, certains chercheurs pensent que les élèves n'arrivent pas à se détacher de leur langue maternelle, l'arabe, mais le problème ne peut se réduire aux différences linguistiques.

En effet, il réside également dans les exploitations de la grammaire faites en classe de FLE (transposition didactique). La grammaire est très importante, voire fondamentale si les objectifs qu'on lui assigne sont de perfectionner des compétences essentielles : lire et écrire. C'est pour cela que les instructions des inspecteurs sont formelles à ce sujet : ne pas se limiter au travail sur la phrase et sur des exercices (pour appliquer les règles).

En conséquence, les inspecteurs préconisent aux enseignants de faire appel à la démarche active de découverte qui mobilise les capacités d'observation, d'expérimentation et d'argumentation des élèves. Cependant, nous allons montrer que cette démarche demande beaucoup plus de travail et de motivation, que ce soit de la part de l'enseignant ou de l'élève, et requiert de la part des enseignants de solides connaissances grammaticales. Évidemment, cette démarche est difficile avec des élèves pour qui le français est une langue étrangère. Le travail de l'enseignant se fonde sur les programmes dictés par l'institution.

Nous allons analyser le contexte en parallèle avec les pratiques de l'enseignant. Les programmes d'enseignement donnent des prescriptions et des objectifs à atteindre, et le travail de l'enseignant consiste à les mettre en œuvre. Cependant, la théorie et la réalité ne coïncident pas toujours, et il existe souvent une grande différence entre le travail prescrit et le travail réel. Selon Lenoir ( 2005,p.5), il est erroné de croire que tout changement du curriculum entraîne automatiquement une modification des pratiques.

 

Pour notre protocole méthodologique, nous allons observer les pratiques de classe, décrire et comprendre les objets enseignés ainsi que les conduites enseignantes, c'est-à-dire les dispositifs didactiques mis en place par l'enseignant pour permettre à l'élève de comprendre l'objet enseigné (c'est une tâche aussi bien un exercice qu'un travail de question-réponse ou encore qu'une leçon magistrale professée que l'enseignant met en œuvre pour permettre à l'élève de voir l'objet enseigné).. L'analyse portera sur les phénomènes liés à l'enseignement et à l'apprentissage de la grammaire. Nous pensons que pour décrire les pratiques effectives d'enseignants de français, il faut choisir l'observation filmée (de plusieurs séquences didactique) comme outil de collecte de données. Ces données sont ensuite transcrites puis faire un synopsis pour voir la trace de l'objet enseigné. Le synopsis nous aide à condenser une grande masse de données. Il est une technique de réduction développée par le groupe GRAFE. Les sonnées de notre corpus ont été recueillies dans le même degré scolaire deuxième année moyenne dans différents établissements Nos investigations se sont déroulées dans la période de 2022 à 2023.

Notre objectif est de comprendre ce que font les enseignants et les élèves lorsqu'ils interagissent avec les objets grammaticaux, et de vérifier si les objectifs officiellement visés par les institutions sont réellement pris en compte.

La réforme de 2003 de l'enseignement algérien recommande une refonte totale de la pédagogie jusqu'alors utilisée dans le système éducatif et réclame que l'on mette la grammaire au service de la communication. Ce nouveau programme est basé sur les principes de l'approche par compétences dérivée du constructivisme, qui adopte un enseignement centré sur l'élève et sur ses actions face à des situations-problèmes. Ainsi, l'élève est placé au cœur du processus d'enseignement et d'apprentissage, et doit désormais apparaître comme l'acteur principal de la transaction éducative.

Notre étude s'intéresse donc aux objets grammaticaux élaborés dans le cadre de la rénovation de l'enseignement du français en Algérie, et nous verrons comment ces objets grammaticaux sont traités par les institutions et mis en pratique dans le cadre des récentes réformes. Comment les objets grammaticaux présentés dans les programmes algériens sont –ils abordés et reconsidérés en situation de classe ? L'objet grammatical enseigné est-il le savoir initialement choisi par l'institution ? Nous allons analyser des leçons en nous appuyant sur la théorie de la transposition didactique, qui met en évidence l'écart entre l'objet du savoir et l'objet enseigné. Chevallard (1991, p.14) précise que le savoir issu de la transposition didactique est donc un savoir exilé de ses origines. Notre recherche va donc explorer comment les nouveaux savoirs sont introduits dans le système scolaire, ainsi que la manière dont ils sont enseignés aux élèves (les actions et actes des enseignants).


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