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Les Pratiques Orales de Lecture à l'école primaire française : que lisent à la classe les enseignant.e.s et les élèves de CM1-CM2 dans différentes disciplines ? (cas du français, des mathématiques, des sciences et de l'histoire)
Kellan Boubert  1@  
1 : Théodile-CIREL
Centre Interuniversitaire de Recherche en Education de Lille - ULR 4354, Centre Interuniversitaire de Recherche en Education de Lille - ULR 4354 : EA1764

Les Pratiques Orales de Lecture à l'école primaire française : que lisent à la classe les enseignant.e.s et les élèves de CM1-CM2 dans différentes disciplines ?

(cas du français, des mathématiques, des sciences et de l'histoire)

 

Kellan BOUBERT, doctorant, Université de Lille, Laboratoire Cirel (ULR 4354), Equipe Théodile

 

Mots clés : Pratiques Orales de Lecture ; contenus d'enseignements et d'apprentissages ; pratiques enseignantes ; genre disciplinaire ; message écrit

 

Les pratiques orales sont nombreuses dans les classes et traversent tous les espaces disciplinaires. Parmi la grande variété de ces pratiques, ma recherche s'intéresse aux pratiques orales de lecture. Elle s'inscrit dans une approche comparatiste en tentant de décrire ces aux pratiques orales de lecture dans différents contextes disciplinaires.

 Je définis ces pratiques orales de lecture (POL) à l'école primaire comme un ensemble de pratiques scolaires plus ou moins stabilisées qui intègre la lecture d'un « message écrit » à un auditeur unique ou pluriel (enseignant.e, groupe d'élèves ou classe) ; le lecteur étant soit l'enseignant.e, soit un élève. Cette lecture participe également directement d'un dispositif d'enseignement et/ou d'apprentissages. Le travail que je mène dans le cadre de ma thèse est axé sur les classes de CM1 et CM2 de l'école française[1] et analyse les POL en tant qu'elles participent de processus d'enseignements et d'apprentissages de contenus. Ces contenus peuvent être définis, à la suite d'Yves Reuter (2012, p. 65), comme des « objets d'enseignement et d'apprentissages, référés/référables à des matières scolaires. ». La notion de pratiques est ici utilisée comme « une notion englobante, qui comprend les actions, l'activité et les actes de l'enseignant. » (Altet et Chartier, 2006, p. 15). Elle implique que la mise en œuvre des POL dépend de l'enseignant.e, qu'il soit ou non le lecteur.

Ces POL englobent notamment les pratiques que Doltz et (2016) définissent comme un genre de l'oral, à enseigner, et nomment « la lecture à d'autres ». Elles prennent également en compte ce que Rouxel (2006) définit comme « une composante de la lecture littéraire » (p.142) et ce que Hassan (2015) appelle oral de travail et « qui permet à l'élève à la fois de s'approprier les apprentissages mais aussi de développer des conduites langagières spécifiques. » (p. 18).[2]

Je choisis d'analyser ces POL en tant que genre disciplinaire afin d'en dégager des spécificités – communes à chaque contexte disciplinaire analysé – mais également des variations liées à ces mêmes contextes. Je définis, à la suite de Dias-Chiaruttini (2010, p. 439), l'outil d'analyse genre disciplinaire comme « un genre d'enseignement d'un genre du discours qui permet de décrire un objet disciplinaire à travers ses modalités d'enseignement et le produit discursif de ces modalités. » Pour spécifier ce genre disciplinaire, je prends notamment en compte les contenus visés par l'enseignant.e, le lecteur choisi et le type de message lu.

C'est précisément sur la nature de ce message écrit que ma communication sera orientée. Je considère comme un message écrit tout ensemble de signes graphiques porteurs de sens. Ainsi mon analyse prend en compte les textes écrits mais également d'autres formes de supports puisque je considère que peut être également lu oralement tout ensemble de signes caractéristiques d'un système de notation autre que l'écriture[3] . Ce message écrit peut ainsi être de nature variée mais constitue un ensemble signifiant pour la classe. Il peut dès lors s'agir d'un texte littéraire ou historique mais également d'une formule mathématique, d'une carte légendée ou d'un schéma.

Afin de caractériser les formes prises par ce message écrit à partir desquelles des POL sont mises en œuvre dans la classe, un certain nombre de questions émergent. Quels sont les supports de lecture utilisés dans les quatre disciplines que j'analyse ? Comment s'articulent -t-il avec les visées des POL en termes de contenus déclarés plus ou moins explicitement par les enseignant.e.s ? Existe-t-il des corrélations entre contenus visés et supports au-delà des frontières disciplinaires ou, à contrario, des spécificités disciplinaires strictes ?

Pour réaliser cette analyse, je m'appuie sur des données construites dans l'espace des pratiques notamment déclarées, ces données sont issues de questionnaires enseignant.e.s (297), d'entretiens (au nombre de 7) et de 12 heures de captations vidéo de séances (réalisées dans 5 classes de CM1 et CM2). Je présenterai ici essentiellement les résultats obtenus à partir des questionnaires. Dans ces derniers, sont exploitées les questions ayant spécifiquement trait à ce qui est lu à voix haute en classe, par l'enseignant.e et par les élèves, en contexte disciplinaire. Ces questionnaires ont été collecté sur le territoire de métropole et d'outre-mer et font l'objet d'un traitement à la fois quantitatif et qualitatif (Paillé & Mucchielli, 2012) puisqu'il s'agit de décrire, d'après les déclarations de pratiques des enseignant.e.s, la façon dont les POL participent des dispositifs d'enseignement et d'apprentissages. Ils ont également fait l'objet d'une analyse thématique du discours enseignant afin de catégoriser les types de messages et de discuter de leur caractère disciplinaire ou non à l'aide du choix des termes utilisés pour les décrire.

Ainsi je propose, en premier lieu, de présenter rapidement les POL et leurs visées didactiques dans les déclarations de pratiques des enseignant puis d'expliciter la méthodologie d'analyse retenue et enfin de présenter quelques résultats qui montrent des spécificités disciplinaires des supports malgré des similarités dans les contenus visés.

 

Liste de références

ALTET M. et CHARTIER A.-M. (2006). Entretien de Marguerite Altet avec Anne-Marie Chartier. Recherche et formation, 51, 11-25. https://doi-org.ressources-electroniques.univ-lille.fr/10.4000/rechercheformation.465

DIAS-CHIARUTTINI A. (2010). Le débat interprétatif dans l'enseignement de la lecture et de la littérature à l'école. [Thèse. Université de Lille 3]. HAL.

DOLZ J. et SCHNEUWLY B. (2016). Pour un enseignement de l'oral : initiation aux genres formels à l'école (6e éd.). ESF éditeur.

HASSAN R. dir. (2015). Didactique et enseignement de l'oral. Publibook.

PAILLÉ P. & MUCCHIELLI A. (2012). L'analyse qualitative en sciences humaines et sociales (3e éd.). Armand Colin.

REUTER Y. (dir.). (2013), Dictionnaire des concepts fondamentaux des didactiques (3e éd.). De Boeck Supérieur.

ROUXEL A. (2006), Le rapport au texte créé par l'oralisation. Dans P. Clermont et A. Schneider. Écoute mon papyrus - Littératures, oral et oralité. Éd. du Scéren,


[1] Ce qui correspond à la fin du premier degré de la scolarité obligatoire et concerne des élèves de 9 à 10 ans en moyenne.

[2] Il s'agit là d'une liste non exhaustive qui vise à mettre en lumière la variété des POL analysées.

[3] Voir la définition du verbe lire - Dictionnaire de l'Académie française, 9e édition, version en ligne https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9L0973, consultée le 12/12/2022.


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