Comparaison contextuelle de deux recherches collaboratives en didactique de l'oral menées à l'école primaire québécoise
Kathleen Sénéchal  1, 2@  , Christian Dumais  3, 4, 5, 6@  , Emmanuelle Soucy  7@  
1 : Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante
2 : Université du Québec à Montréal = University of Québec in Montréal
3 : Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante  (CRIFPE)
4 : Laboratoire universitaire de recherche et de formation en didactique du français  (LUDIF)
5 : Équipe de recherche en littératie et inclusion  (ÉRLI)
6 : Université du Québec à Trois-Rivières
3351, boulevard des Forges, Trois-Rivières (Québec) CANADA G8Z 4M3 -  Canada
7 : Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue

Bien que la didactique de l'oral ne se soit développée qu'avec le tournant communicatif des années 1970, la communication orale a toujours fait partie du triptyque langagier de l'école. Plus largement, l'oral occupe une place importante et joue un rôle central dans la vie citoyenne, les relations interpersonnelles et la vie de classe (Gaussel, 2017; Maurer, 2001). Cette omniprésence de l'oral dans différentes sphères de la vie fait en sorte que sa production et sa compréhension sont fortement dépendantes du contexte de réalisation. Ce faisant, son enseignement et son apprentissage sont susceptibles d'être teintés par le contexte situationnel, notamment dans le cadre des prises de parole spontanées qui se déroulent généralement en contexte authentique (Durand et Chouinard, 2012). On distingue, en didactique de l'oral, les prises de parole spontanées, qui sont réalisées « sans temps de préparation et sans mise en pratique préalable », et les prises de parole préparées, qui sont faites « à la suite d'un temps de préparation et d'une ou plusieurs mises en pratique préalables » (Dumais et Soucy, 2020, p. 100). Il ne s'agit toutefois pas de deux catégories complètement hermétiques l'une par rapport à l'autre, car dans une prise de parole, il pourrait y avoir de l'oral spontané et de l'oral préparé. Par exemple, dans le cadre d'une discussion, une préparation et une mise en pratique sur des contenus à aborder peuvent avoir été faites au préalable (oral préparé) et une partie des interactions peut être de l'oral spontané en fonction des contenus abordés dans la discussion (par exemple, lorsqu'un élève réagit aux propos d'un interlocuteur). Tant en ce qui concerne l'oral spontané que préparé, certaines caractéristiques génériques peuvent faire l'objet d'un travail préalable afin d'amener les élèves à prendre la parole. Ce travail peut se réaliser dans le cadre d'un atelier formatif, un modèle didactique cognitiviste comportant six étapes suivant une démarche déductive qui permet l'enseignement d'objets de l'oral (Dumais et Messier, 2016). Au cours des dernières années, des recherches en didactique de l'oral se sont intéressées aux particularités des prises de parole spontanées ou préparées, en exploitant notamment le modèle de l'atelier formatif, et la présente contribution vise justement à se pencher sur deux d'entre elles dans une perspective comparative.

En nous appuyant sur les principes de la didactique comparée (Mercier et al., 2022; Ligozat, 2008), nous proposons de mettre en parallèle deux recherches collaboratives (Desgagné, 2001) en didactique de l'oral réalisées à l'école primaire québécoise ayant respectivement comme objectif principal de 1) vérifier l'impact de l'utilisation du dispositif « séquence didactique » (Dolz et Schneuwly, 1998) sur la transformation des pratiques d'enseignement de la communication orale au primaire (Sénéchal) et de 2) rendre compte de l'ajustement des pratiques en didactique de l'oral, notamment en ce qui concerne l'enseignement, d'enseignantes du primaire travaillant en milieu plurilingue et pluriethnique, et de faire état de réalisations conjointes entre enseignantes et chercheurs (Dumais et Soucy). Bien qu'elles aient toutes deux exploité la démarche déductive de l'atelier formative, les recherches se sont distinguées de différentes façons, notamment en ce qui a trait aux particularités du contexte de réalisation. Si l'étude de Sénéchal a davantage porté sur l'oral préparé et s'est déroulée dans une région éloignée des grands centres, au sein de classes exclusivement homoglottes, et en collaboration avec six enseignantes, celle de Dumais et Soucy a plutôt été réalisée en contexte montréalais en collaboration avec huit enseignantes, dans des classes hétéroglottes (Cortier, 2009) et a porté sur l'oral spontané. L'exercice vise à tenir compte des spécificités des deux recherches, notamment de leur contexte contrasté, afin de faire émerger des besoins des acteurs et actrices du milieu, propres à chaque région, en termes d'objets choisis pour être enseignés (tirés des prescriptions ministérielles en vigueur) et de pratiques mises en œuvre pour ce faire ainsi que des points de convergences. L'analyse du contexte permettra d'établir l'ensemble des facteurs sociolinguistiques qui jouent un rôle dans les situations didactiques et dans le choix des objets de l'oral privilégiés dans chacun des projets. Comme il s'agit de deux recherches collaboratives, nous serons à même de voir comment les outils ont été adaptés à chacun des contextes et aux contraintes institutionnelles respectives et comment les besoins des enseignant·es et des élèves ont été pris en compte.

Références :

Cortier, C. (2009). Propositions sociodidactiques face à la diversité des contextes. Vers une didactique convergente des langues collatérales et de proximité : éducation bi/plurilingue et projets interlinguistiques. Synergies, 5, 109-118.

Desgagné, S. (2001). La recherche collaborative : nouvelle dynamique de recherche en éducation. Dans M. Anadón (dir,) Nouvelles dynamiques de recherche en éducation (p. 51-76). Les presses de l'Université Laval.

Dumais, C. et Messier, G. (2016). L'atelier formatif : un modèle didactique pour enseigner l'oral. Enjeux, revue de formation continuée en didactique du français, 90, 5-25.

Dumais, C. et Soucy, E. (2020). Des genres oraux en classe du primaire qui favorisent l'oral spontané des élèves : résultats d'une recherche collaborative. Recherches. Revue de didactique et de pédagogie du français, 73, 93-112. 

Durand, M.-J. et Chouinard, R. (2012). Évaluation des apprentissages. De la planification de la démarche à la communication des résultats. Éditions MD.

Gaussel, M. (2017). Je parle, tu dis, nous écoutons : apprendre avec l'oral. Dossier de veille de l'IFÉ, 117, 1-32.

Ligozat, F. (2008). Un point de vue de didactique comparée sur la classe de mathématiques : étude de l'action conjointe du professeur et des élèves à propos de l'enseignement, apprentissage de la mesure des grandeurs dans des classes françaises et suisses romandes (thèse de doctorat inédite)Université de Genève, Suisse, et Université de Provence, Aix-en-Provence et Marseille, France.

Mercier, A. Schubauer-Leoni, M.L. et Sensevy, G. (2002). Vers une didactique comparée. Revue française de pédagogie141, 5-16.



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